DES FEMMES ET DES HOMMES PASSIONNÉS TRANSMETTANT UN ART SÉCULAIRE

Un savoir-faire ancestral alliant matériaux nobles et travail de précision

Fabriquer un makhila requiert de nombreux savoir-faire : travail du bois de néflier, mise en forme et décoration du métal et tressage du cuir. Chaque artisan est formé au sein de notre atelier par la génération précédente.

Les 7 savoir-faire impliqués dans la confection du Makhila

Le bois de néflier, le cœur du makhila (makila)

Le travail du bois de néflier est celui qui demande le plus de temps et de patience. Il faut attendre une dizaine d’années pour que la tige soit suffisamment large pour être incisée. Une fois les scarifications cicatrisées, la tige est coupée, passée au four, écorcée et redressée. Commence alors un long travail de “maturation” qui va durer 10 ans et permettre au bois d’être bien droit, solide et patiné.

  • Choix des essences : Ce sont nos ancêtres qui ont choisi cette essence : le Mespilus Germanica, pour ses qualités : solidité et flexibilité, deux caractéristiques primordiales pour un bâton de marche. Son bois est dense sans être lourd. Son grain est fin et prend un beau poli. Le néflier est un arbuste à croissance lente, c’est ce qui lui confère sa force et sa robustesse, tout en restant un bois léger.

  • Scarification des tiges : Nous marquons les tiges lorsque le diamètre est assez important pour devenir un makhila. Le marquage est une opération délicate qui demande beaucoup d’expérience : il faut savoir marquer assez le bois pour permettre la cicatrisation, sans trop le marquer, ce qui rend le résultat peu esthétique.

  • Écorçage : Les tiges, encore vertes car elles viennent d’être coupées, sont passées dans notre four à bois et écorcées grâce à la chaleur. C’est à ce moment que se révèlent l’ampleur et la beauté des scarifications. Nous obtenons alors un bois blanc, qu’il est souvent nécessaire de redresser.

  • Séchage : Pendant 10 ans, le bois sèche patiemment dans les greniers de l’atelier. Intervient ensuite la coloration du bois, mise au point par nos ancêtres et gardée secrète. Ce procédé naturel est toujours une surprise : même en agissant à l’identique, la couleur obtenue est toujours différente.

Tressage du cuir

Une technique bien particulière

Il faut un cuir de qualité pour réussir la confection de la poignée et de la dragonne. Nous utilisons du cuir de chevreau, provenant d’une tannerie du Pays Basque. Nous avons choisi ce cuir pour sa grande résistance. On estime que l’origine de ce tour de main est un héritage de nos ancêtres (Ainciart Bergara) qui ont été tisserands jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Un savoir-faire gardé secret

Le tressage de la poignée des makhilas Ainciart Bergara est un des savoir-faire transmis de génération en génération et gardé jalousement secret. La tresse comporte un savoir-faire très technique, le diamètre étant différent d’une extrémité à l’autre.
Il faut des nombreuses heures d’entraînement pour acquérir cette technique mise au point il y a des centaines d’année par la famille Ainciart. La tresse se termine en bas par des lanières que l’on unit une à une. Le tressage de la dragonne est un tressage à quatre brins qui, bien que moins complexe que le tressage de la poignée, demande beaucoup de dextérité et de concentration.

De la plaque à la virole

Pour chaque commande, nous allons dans nos greniers sélectionner la tige de néflier qui correspond à la taille et au poids de la personne à qui le makhila Ainciart Bergara est destiné. Tous les bois ont des diamètres, des couleurs, des fuseaux et des longueurs différentes. Une fois le bois choisi, nous reportons ses mesures sur la plaque de métal (laiton, maillechort ou argent) avant de la découper.

La découpe se fait selon un schéma bien précis qui permet d’obtenir des viroles coniques dont les diamètres aux extrémités sont différents, la partie haute est d’un diamètre plus petit que celle d’en bas. Une fois découpées, les parties métalliques sont mises en forme au marteau. Elles sont frappées à plusieurs reprises afin d’obtenir un cône, puis elles sont brasées.

La brasure est une étape essentielle car c’est elle qui permet de rendre invisible le point de jonction des deux côtés de la plaque de métal.

L’ornementation par le poinçonnage

Le poinçonnage permet de graver sur les viroles des motifs décoratifs ainsi que les lettres. Chaque élément est poinçonné à la main, avec patience et agilité.
Pour ce qui est des dessins, on retrouve différents motifs hérités de nos ancêtres, que l’on organise le long de la virole, en les séparant par des passages de limes tiers-point. Cette dernière est aussi utilisée pour réaliser des croisillons et des hachures.

Pour le lettrage, chaque makhila est personnalisé avec le nom, le prénom, la devise (en basque) de son futur propriétaire.

Tous nos makhilas sont également signés en bas : “Ainciart Larressore” avant 1926 et “Ainciart Bergara – Larressore” après 1926. Cette signature vous permet de vérifier qu’un makhila vient ou non de notre atelier. Enfin, chaque makhila porte également l’année de sa fabrication.

Voici les motifs principaux que vous retrouverez sur les makhilas Ainciart Bergara : la croix basque et la fougère, motifs de gravure « signature » de la maison.

La gravure des initiales

Les initiales sont gravées à la main sur le pommeau. La technique utilisée, dite “gravure ornementale“, permet d’enlever du métal à l’aide d’un burin pour faire apparaître le lettrage.

Les lettres sont gravées entrelacées, une forme qui convient très bien à la rondeur du pommeau. Elles sont faites de pleins et de déliées, ce qui rend la gravure présente et lui permet de durer dans le temps.

Les couples de lettres sont inspirées d’un modèle réalisé au XIXe siècle par un graveur français très connu : Charles Demengeot, qui avait notament réalisé un monogramme avec les vingt-six lettres de l’alphabet.

Il est également possible de faire graver sur demande des dessins ou blasons sur les pommeaux en métal.

Le montage des différentes pièces

Une fois que toutes les pièces du makhila Ainciart Bergara sont fabriquées, soit une vingtaine au total : viroles, pommeau, dragonne, tresse, pointe, trèfle, etc., intervient le montage.

Il s’agit de trouver une harmonie de ligne tout en respectant l’équilibre qui facilitera la marche. La ligne du bois est prolongée par des pièces métalliques aux extrémités, le bout fin en haut et le plus épais en bas.

Le montage est réalisé sans aucun emploi de colle, de résine ou de plomb. Les pièces sont ajustées par forçage entre bois et métal. C’est une opération très minutieuse d’emboîtement et de calage. De manière générale, le montage est étudié pour rendre les raccords invisibles.

C’est une des étapes les plus complexes de la fabrication du makhila Ainciart Bergara car elle demande un coup d’œil sûr, qui ne s’acquiert que par des années d’expérience.

Réparation d’un makhila

Reconnaitre la provenance de votre Makhila

Nous ne réparons que les makhilas fabriqués dans notre atelier, par notre famille, car nous savons parfaitement comment ils ont été montés et fabriqués. La signature de notre atelier est visible à la base du Makhila (voir illustration) et correspond à l’inscription “Ainciart Bergara – Larressore“, depuis 1926 ou “Ainciart – Larressore” avant cette date.

À noter, nous pouvons ajouter une dragonne (lanière en cuir) sur n’importe quel makhila puisque cela ne demande aucun montage/démontage.

Un makhila est fabriqué pour durer plusieurs générations. L’usure due aux années ou à l’utilisation intensive peut abîmer certaines parties du makhila dont la restauration sera toujours assurée au sein de notre atelier. La réparation la plus courante est le remplacement de la dragonne, il est également possible de changer la corne sur le pommeau, de changer le bois, de remplacer le trèfle, etc. 

Pour les réparations, le plus simple est de nous envoyer des photos de votre makhila sur atelier@makhila.com.

Conseils d’entretien

Que vous utilisiez régulièrement votre makhila au cours de randonnées ou qu’il soit ornemental,
nous vous conseillons de l’entretenir régulièrement afin d’en conserver les qualités :

Entretenir le bois de votre Makhila

Entretenir le bois est important car cela évite qu’il ne se dessèche et ne perde de sa couleur. Passez de temps en temps un peu de cire d’antiquaire incolore pour entretenir la patine. Si vous aimez le bois foncé, préférez une cire d’antiquaire merisier foncé.

Si vous n’avez pas nourri le bois pendant de longues années, il est toujours temps d’en prendre soin ! Passez de l’huile d’olive sur le bois, directement sur vos doigts. Tant que le bois absorbe, renouvelez l’opération. Cela permet de regonfler les fibres en profondeur. Attendez ensuite quelques jours avant de passer de la cire, pour retrouver le brillant du bois.

Entretien du métal de votre Makhila

L’entretien du métal se fait selon vos goûts : rarement si vous aimez l’aspect patiné, plus souvent si vous souhaitez que le métal brille. Nettoyez les parties métalliques à sec avec une chamoisine pour argenterie (Silver Cloth de chez Hagerty).

Nous déconseillons l’utilisation de solutions liquides comme le Miror car elles viennent encrasser les gravures.

Entretien du cuir de votre Makhila

Pour nourrir le cuir, vous pouvez utiliser de la graisse Paulin afin d’éviter que le cuir ne s’abime.

Si votre Makhila a été endommagé, nous proposons également un service de réparation. N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus.
Vous êtes bien évidemment toujours les bienvenus à l’atelier, à Larressore, pour une remise en beauté de votre makhila (cirage, polissage, etc.).